APPRENDRE A CHANTER …
CE N'EST PAS COMPLIQUÉ !
abbé Amaury Brillet
Il y a plusieurs années de cela, il m'était donné de rencontrer un maître de choeur d'une abbaye bien connue en France, afin de bénéficier autant de ses conseils que de son expérience. Quel ne fut pas mon étonnement ! A la question : « Quelle méthode de solfège employez-vous pour former les postulants ? », je m'entendis répondre : « ce n'est pas la peine, il n'y a pas besoin de cela. »
Je peux avancer ici, que ce problème est un problème français : les méthodes qui ont fait leurs preuves en quelque matière que ce soit, ne sont plus à la mode, mieux, elles ne sont plus nécessaires. On a d'autres 'recettes'.
Cependant, il faut un peu de sérieux : lorsqu'un enfant apprend à lire (je ne veux pas raviver ici une quelconque polémique), il lui faut apprendre le B-A-BA, précédé pour cela de l'alphabet.
En musique, il en est de même, il faut apprendre à lire les notes, pour pouvoir ensuite solfier. Ce n'est pas très compliqué : il faut un peu de méthode et une petite dose de persévérance. C'est la base pour commencer la musique, base qui va offrir de découvrir le rythme, car notre chant grégorien a aussi le sien. D'ailleurs, comme toute musique.
Apprenez à solfier !
Pour commencer, il faut débuter avec la lecture de notes en clé de Do 4ème ligne (elle est plus facile en grégorien qu'en musique moderne) pour ensuite apprendre à solfier, c'est-à-dire chanter les notes en apprenant les intervalles de seconde, de tierce, de quarte, de quinte, et découvrir surtout le demi ton. L'oreille se forme, elle est 'éduquée', écoute les sons. Il est alors possible de les reproduire vocalement. C'est l'apprentissage.
Il faut apprendre à chanter en travaillant régulièrement : nous avons la chance d'avoir des cours hebdomadaires sur la paroisse, en lien avec les messes et offices selon le temps liturgique.
Ainsi, entre les cours du vendredi soir, la répétition du mardi soir, qui comprend après le chant du propre de la messe du dimanche qui suit ou de la fête, et le dimanche en lui-même, les progrès se font sentir rapidement, ne serait-ce qu'en une année !
La lecture et le solfège en d'autres clés se font tout aussi rapidement avec la pratique.
Découvrez le rythme grégorien
Le rythme grégorien se laisse découvrir en fonction des neumes (signes d'écriture de la musique grégorienne) dont chaque note répond au premier principe : une note/un temps. Viennent ensuite les règles simples qu'il faut connaître pour comprendre ce rythme dit 'composé', mélangeant 'binaire' et 'ternaire', offrant à la phrase musicale sa souplesse.
Tout ne peut être exposé ici en quelques lignes. Mais quand on sait que pour comprendre les pièces chantées, des commentaires liturgiques et spirituels sont apportés parallèlement, ils ne font que stimuler celui qui, déjà charmé par le chant grégorien, désire aller plus loin en offrant sa voix et son temps pour se former.
Chanter le chant de la liturgie romaine, c'est-à-dire le chant grégorien, est aussi une belle école en soit : c'est adopter la discipline musicale qui relève d'une vraie tradition, c'est adopter aussi la discipline liturgique dont la richesse nourrit et le chanteur, et l'auditeur. Car la particularité de notre chant d'église est de nous offrir au-delà de sa matérialité mélodique et rythmique (Saint Jean Chrysostome s'est magnifiquement exprimé sur ce sujet), quelque chose d'immatériel où l'âme vibre, où le transcendant se rend presque plus évident, où Dieu parle par ces mélopées dont les paroles sont la Bible chantée. C'est du reste pour cela que les pontifes ont toujours voulu conserver au cours des âges ce chant qui exprime tant de beauté.
Un événement : le Festival International de WATOU (B)
Tous les trois ans, se déroulen...